Brevo, autrefois Sendinblue, a levé 500 millions d'euros pour devenir le "Salesforce européen". Cette licorne française ambitionne de conquérir le marché des PME avec une suite CRM axée sur l'accessibilité et la conformité RGPD, face à la domination de Salesforce. La levée de fonds, bien que saluée, soulève des questions de souveraineté numérique.

French Tech : Brevo lève 500 millions d’euros et se rêve en « Salesforce européen »
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Étienne
Bonjour Matt, je suis Étienne et bienvenue dans Goose Pod, votre rendez-vous quotidien. Nous sommes le jeudi 11 décembre, il est 15h00 précises. Aujourd'hui, nous plongeons dans l'histoire en marche de la French Tech avec une annonce monumentale concernant Brevo.
Léa
Bonjour Matt, je suis Léa. En effet, on ne parle pas de petite monnaie aujourd'hui. Brevo vient de lever 500 millions d'euros et affiche clairement son ambition : écraser la concurrence pour devenir le Salesforce européen. Soyons clairs, c'est un pari audacieux.
Étienne
C'est absolument fascinant, Matt. Figurez-vous que cette levée de fonds propulse Brevo au rang très convoité de licorne, ces créatures mythologiques de l'économie moderne valorisées à plus d'un milliard de dollars. C'est une page d'histoire qui s'écrit pour cette entreprise fondée en 2012.
Léa
Attendez Étienne, regardons les chiffres froidement. 500 millions d'euros, c'est colossal, mais regardez qui paie. Le fonds américain General Atlantic et le britannique Oakley Capital prennent chacun 25 % du capital. Ma question est simple : est-ce encore une victoire française si la moitié de l'entreprise passe sous pavillon anglo-saxon ?
Étienne
C'est une alliance stratégique nécessaire ! Cela me rappelle cette vision de Jeff Bezos, dont nous parlions récemment, qui prévoit des millions d'humains dans l'espace d'ici 2045. Tout comme Bezos a besoin de capitaux immenses pour ses navettes lunaires automatisées, Brevo a besoin de ce carburant financier pour automatiser le marketing européen. L'ambition est le moteur, Matt.
Léa
La comparaison est intéressante, mais Bezos vise la Lune, Brevo vise les PME. Ils veulent être le Salesforce européen, mais n'oublions pas que Salesforce est un titan. Pour l'instant, Brevo est une licorne parmi d'autres, dans un cheptel français qui peine à atteindre l'objectif des 100 licornes fixé par Emmanuel Macron pour 2030.
Étienne
Pour que Matt comprenne bien le contexte, il faut rappeler que Brevo, que l'on connaissait jadis sous le nom de Sendinblue, est un joyau de notre patrimoine numérique. Ils ont débuté en automatisant l'envoi d'emails pour les petites entreprises, un peu comme les scribes modernes du commerce digital. Aujourd'hui, ils offrent une suite complète de gestion de la relation client.
Léa
Soyons précis. Le CRM, ou gestion de la relation client, c'est le nerf de la guerre. Salesforce domine ce marché mondial avec une main de fer. Brevo s'attaque à ce monopole en ciblant les TPE et PME, souvent négligées par les géants américains trop complexes et trop chers. C'est là que se joue la bataille, sur le terrain de l'accessibilité.
Étienne
Exactement, et c'est là que le contexte politique entre en jeu. Le président Macron a fixé ce cap symbolique des 100 licornes. Actuellement, nous en comptons environ une trentaine, dont Doctolib ou Mistral AI. Nous sommes, disons-le, un peu à la traîne dans cette course de fond. Brevo vient redonner du souffle à cette épopée nationale.
Léa
À la traîne est un euphémisme. Sur 18 000 startups en France, à peine trente ont franchi ce cap du milliard. C'est un taux de conversion infime. Cette levée de fonds est une anomalie positive dans un climat économique plutôt morose pour la tech. C'est pour cela que l'arrivée de General Atlantic est un signal fort, mais aussi une épée à double tranchant.
Étienne
Vous voyez toujours le verre à moitié vide, chère Léa. Voyez plutôt la reconnaissance de l'excellence française ! Ces investisseurs étrangers ne viennent pas par charité, ils viennent parce que le savoir-faire technique, l'ingénierie française, est reconnue mondialement, héritière d'une longue tradition d'innovation.
Léa
Je ne suis pas pessimiste, je suis réaliste Matt. Vous n'avez pas répondu à ma question sur la souveraineté. Si Brevo devient le Salesforce européen avec des capitaux américains, qui contrôlera in fine les données des entreprises européennes ? C'est le nœud du conflit. On rêve de souveraineté numérique, mais on se finance à Wall Street.
Étienne
C'est un paradoxe, certes, mais n'est-ce pas le propre de toute grande puissance que de savoir attirer l'or étranger pour bâtir ses propres châteaux ? Le véritable défi, ou conflit si vous préférez, réside dans la capacité d'exécution. Salesforce est une machine de guerre tentaculaire. Brevo peut-il vraiment rivaliser sur les fonctionnalités sans perdre son âme ?
Léa
C'est là que le bât blesse. Salesforce a des décennies d'avance et une trésorerie illimitée pour racheter tout ce qui bouge. Brevo va devoir utiliser ces 500 millions non pas pour faire la fête, mais pour des acquisitions agressives. S'ils n'avalent pas leurs concurrents rapidement, ils se feront manger. C'est la loi de la jungle tech.
Étienne
Une jungle, ou peut-être un champ de bataille napoléonien. La stratégie de Brevo semble être l'encerclement : prendre le marché par la base, par les petites entreprises, là où Salesforce est moins agile. C'est une stratégie de guérilla économique fascinante face à une armée impériale établie.
Léa
Parlons impact concret pour Matt. Si Brevo réussit, cela signifie une alternative crédible et conforme au RGPD pour les entreprises européennes. C'est crucial. Ne plus dépendre du "Patriot Act" américain pour stocker ses fichiers clients, c'est un argument de vente massif en Europe. La protection des données est leur meilleur atout.
Étienne
Tout à fait, et au-delà de la technique, c'est un impact culturel. Cela prouve qu'on peut bâtir des géants du logiciel depuis Paris. Cela va inspirer toute une génération d'entrepreneurs qui, au lieu de vendre leur start-up dès le premier million, oseront viser, si vous me passez l'expression, le trône royal.
Léa
L'impact est aussi sur l'emploi. Une licorne qui lève 500 millions doit recruter massivement. On parle de centaines d'emplois qualifiés en France. Mais attention, avec l'automatisation et l'IA dont on parlait avec Bezos, ces emplois vont devoir être à très haute valeur ajoutée. Ce ne sera pas du travail à la chaîne.
Étienne
L'avenir nous dira si ce "Salesforce européen" verra le jour. Je prédis une intégration massive de l'intelligence artificielle pour anticiper les besoins des clients avant même qu'ils ne les expriment. Une sorte de majordome digital omniscient. C'est la suite logique de leur évolution patrimoniale.
Léa
Soyons clairs, l'avenir pour Brevo passera par la bourse. Une introduction en bourse d'ici deux ou trois ans est la seule sortie logique pour rembourser ces investisseurs voraces. Matt, surveillez bien les prochaines acquisitions de Brevo, c'est là que se jouera leur survie.
Étienne
C'est la fin de notre discussion d'aujourd'hui. Merci infiniment de nous avoir écoutés sur Goose Pod. C'était un plaisir de partager cette analyse avec vous, Matt.
Léa
Merci Matt. Restez critique et gardez l'œil ouvert sur la tech. On se retrouve demain pour un nouvel épisode de Goose Pod. À très vite !



