Étienne
Bonjour Matt, je suis Étienne, et bienvenue dans ce nouvel épisode de Goose Pod, votre rendez-vous quotidien. Nous sommes le mercredi 17 décembre, il est 15 heures, et je suis ravi de vous retrouver pour une discussion passionnante.
Léa
Et je suis Léa. Aujourd'hui, Matt, nous allons décrypter un séisme dans la French Tech : le grand basculement du référencement classique vers l'intelligence artificielle. Accrochez-vous, car les règles du jeu changent totalement.
Léa
Soyons directs. Le SEO, cette vieille méthode pour plaire à Google, est en train de vaciller. Une nouvelle discipline émerge : le GEO, ou Generative Engine Optimization. C'est le nouveau Far West pour les start-up.
Étienne
C'est absolument fascinant ! Figurez-vous qu'une jeune pousse française, GetMint AI, vient de lever 4 millions d'euros pour conquérir ce territoire. Fondée par des anciens de la fintech, elle aide les marques à exister, non plus sur une liste de liens, mais dans les conversations des robots.
Léa
Exactement. L'objectif est simple : apparaître dans les réponses de ChatGPT, Gemini ou Claude. C'est crucial. Cela me rappelle un peu l'ambition de Brevo, dont nous parlions récemment. Eux aussi, en tant que licorne française, ont dû se battre pour imposer une souveraineté technologique face aux géants américains.
Étienne
Tout à fait ! Comme Brevo a défié Salesforce, GetMint AI tente de dompter les algorithmes de la Silicon Valley. Sauf qu'ici, l'enjeu est la visibilité pure. Si l'IA ne cite pas votre marque, aux yeux du consommateur moderne, vous n'existez pratiquement plus.
Étienne
Pour bien comprendre, Matt, il faut un peu de contexte historique. Pendant vingt ans, le web a fonctionné comme une immense bibliothèque. On utilisait des mots-clés pour que le bibliothécaire, Google, nous place sur la bonne étagère. C'était une logique de classement.
Léa
Une image poétique, Étienne, mais techniquement révolue. Aujourd'hui, les moteurs de recherche ne classent plus, ils synthétisent. Des centaines de millions d'utilisateurs demandent chaque mois à des IA de leur recommander un produit. Ces assistants deviennent de véritables points de décision.
Étienne
C'est là que le GEO entre en scène. Contrairement au SEO qui cherchait à manipuler des liens, le GEO cherche à établir une autorité sémantique. L'IA doit vous percevoir comme une source fiable, un peu comme un historien cite ses sources primaires.
Léa
Précisément. Les critères d'optimisation sont radicaux : clarté, structure, et surtout, vérifiabilité des données. On ne cherche plus à piéger l'algorithme avec des mots-clés cachés. Ma question est simple : votre contenu est-il assez structuré pour être digéré par une machine ?
Étienne
On parle beaucoup de l'acronyme E-E-A-T : Expérience, Expertise, Autorité, Fiabilité. C'est un retour à la qualité du discours. L'IA favorise les contenus riches et nuancés, ce qui est, somme toute, une excellente nouvelle pour la culture générale.
Léa
Ne nous emballons pas trop vite sur la qualité. La réalité est brutale : c'est une guerre de visibilité. Beaucoup annoncent la mort du SEO. Est-ce exagéré ? Peut-être, mais ignorer le GEO, c'est suicidaire pour une marque aujourd'hui.
Étienne
Je nuancerais ce propos. Les deux sont complémentaires. C'est une transition, pas une extinction. Cela me fait penser à l'initiative du studio Chequered Ink, qui a créé 10 000 ressources à la main pour s'opposer à l'IA générative. Il y a cette tension palpable entre l'humain et la machine.
Léa
C'est touchant, mais dans le business, le romantisme ne paie pas. Soyons clairs : si vous n'agissez pas, les recommandations algorithmiques se feront sans vous. Pire, elles se feront au profit de vos concurrents. C'est un risque majeur d'invisibilité.
Étienne
Il y a aussi le défi de la réputation numérique. Une IA peut "halluciner", inventer des faits sur votre entreprise. Surveiller ce que les robots disent de vous devient aussi important que de surveiller votre réputation dans la presse traditionnelle.
Léa
Les chiffres donnent le vertige. On projette que le trafic vers les sites web via les moteurs de recherche classiques pourrait chuter de 25 % d'ici 2026. Pour les éditeurs de sites, c'est une catastrophe annoncée s'ils ne pivotent pas.
Étienne
C'est un changement de société. L'IA devient un "méta-conseiller". Si elle vous recommande, vous bénéficiez d'un halo de confiance immédiat. L'utilisateur ne cherche plus, il fait confiance à la synthèse. C'est une responsabilité immense pour ces algorithmes.
Léa
Et pour les entreprises, cela signifie que le coût d'acquisition client va exploser sur les canaux traditionnels. Le GEO offre un avantage aux "premiers arrivants". Ceux qui investissent maintenant dans leur "part de voix IA" rafleront la mise. C'est winner takes all.
Étienne
L'avenir, c'est sans doute une régulation plus stricte, dans l'esprit de l'AI Act européen, pour encadrer ces nouveaux oracles. Nous verrons émerger des agences hybrides, mêlant journalisme et science des données pour sculpter l'image des marques dans le cerveau des IA.
Léa
Absolument. 2026 sera l'année charnière. Matt, retenez bien ceci : nous passons d'une ère de recherche à une ère de réponse. Les marques doivent apprendre à parler le langage des machines pour continuer à parler aux humains.
Étienne
C'est une perspective vertigineuse, n'est-ce pas ? Merci d'avoir partagé ce moment avec nous sur Goose Pod. C'était un plaisir de décrypter ces enjeux pour vous.
Léa
Merci Matt. Restez curieux, et surtout, surveillez bien ce que les IA disent de vous. À demain pour un nouvel épisode !